«
« La démographie, c’est la destinée ». Forgée par les démographes et économistes américains pour décrire le cas des Etats-Unis, cette formule lapidaire prend tout son sens à la lumière de l’expansion de la population de Tarascon au cours du 20ème siècle.
Si le 20ème siècle a été celui du quadruplement de la population mondiale, il aura aussi été celui de la transition démographique tarasconnaise.
La population de Tarascon a oscillée autour de 1 180 à 1 739 habitants durant tout le 19ème siècle, et jusqu'en 1924, puis elle a augmenté, atteignant 2 559 en 1931 et 4 222 à son maximum en 1975. Cette même population va se réduire, ensuite brutalement, sur une période de vingt ans, avant de se stabiliser autour de 3500 dans les années 2006.
A l’origine, entre 1148 et 1188, le comte Roger Bernard I octroi certaines libertés et privilèges à ceux qui viendraient s’installer à demeure et construire au dessous du Castella de Tarascon. Cette première charte de Coutumes sera l’élément déclencheur de la première poussée démographique du bourg castral.
Nous ne connaissons quantitativement la population de la ville pour la période du Moyen-Âge, les estimations suivant le rôle des feux du comté de Foix, document fiscal réalisé en 1390 sous le règne de Gaston Fébus comte de Foix-Béarn vont de 800 à 900 habitants pour le 14ème siècle.
Vers 1468, ce nombre aurait été diminué et insuffisant pour supporter les charges d’entretien de la ville : « … le lieu (Tarascon) est situé entre les montagnes, fortes étroites et infertiles, qui était au temps passé peuplé de marchands, artisans et y habitaient force monde, lesquels soutenaient et supportaient les charges dudit lieu, mais à présent, tant à cause de la rareté du peuple qui est dans le dit lieu pour des raisons de mortalités qui sont advenues depuis longtemps, destruction de tous métiers, la petite valeur du fer et des mines par lequel la majorité du peuple se soutenait … ». C’est certainement la première crise démographique que connu la vieille cité.
Les guerres de Religion de la seconde moitié du 16ème siècle et les fréquentes épidémies de peste appelée « le maïchant mal » vont entraîner aussi d'importantes migrations.
La crise démographique est une caractéristique de l'Ancien Régime, revenant en moyenne tous les 10 à 15 ans. Une crise peut tuer en quelques mois un quart de la population d'un village, le dixième de celle d'une ville. Elle peut durer entre six mois et deux ans, elle peut être causée par une épidémie, par une crise de subsistance, parfois l'alliance des deux (une disette qui affaiblit les corps et prépare le terrain pour une épidémie).
Le 17ème siècle sera celui du séjour (parfois très long) de plusieurs régiments d’infanterie et de cavalerie. Tarascon, enserrée dans ses murs (500 maisons en 1701), devait compter une population, déjà dense, avoisinant les 1400 habitants. Et on est à se demander ou pouvaient bien cantonner des régiments tels que celui de Guyenne, dont l’effectif atteignait 3500 hommes. Signalons, en passant et sans commentaires, une recrudescence de natalité excessive : les registres accusent pour la seule année 1648 cent soixante baptêmes, en 1911 on tombe à 28, toujours pour les deux mêmes paroisses Saint-Michel et Sainte-Quitterie.
Le chiffre total de la population de Tarascon est difficile à connaître avant le milieu du 18ème siècle. Vers 1765, période où les sources deviennent fiables, les tarasconnais (Ussat compris) auraient été approximativement 1500. Ce nombre est porté à 1230 en 1774 (Ussat non compris ?), à 1364 à la veille de la Révolution, et à 1450 habitants en 1793 (Ussat compris). Le lieu d’Ussat était fiscalement lié à Tarascon : il n’apparaît pas dans les tarifs des feux de 1666 (il ne faisait certainement qu’un avec Tarascon), il apparaît dans les rôles de capitation joint à Tarascon. Leur population est certainement toujours comptée ensemble (il n’y a aucun chiffre distinct pour Ussat). On assiste donc à une démographie relativement stable, même si sur le court terme les variations peuvent être sensibles, de l'ordre de 86 habitants en cinq ans (1788 - 1793). Si la stabilité de la population est le fait dominant, le phénomène migratoire n'est pas à négliger. Les migrations peuvent être définitives, permanentes, saisonnières ou conjoncturelles.
La courbe de la population de Tarascon peut se diviser en cinq phases. Dans la première, de 1765 à 1831, le total varie très peu et se situe autour de 1400 habitants, pratiquement autant que pendant le 16ème siècle. L’agglomération urbaine n’ayant guère grandie, elle accueille le même taux de population. Tarascon absorbe l’émigration des villages voisins.
La deuxième phase allant de 1831 à 1921 présente des caractéristiques analogues mais avec une plus forte intensité. La hausse est particulièrement rapide vers la fin du 19ème siècle pour atteindre le nombre de 1739 habitants en 1886. Il faut souligner que c’est en 1846, à la fin de la monarchie de juillet, que l’Ariège est arrivé au sommet de sa courbe démographique avec 270 535 habitants. Mais ce pic de surpeuplement ne perturbe pas notre localité qui reste stable avec 1530 habitants. Si la courbe de l’Ariège s’infléchie à partir de 1850, en raison de l’exode rural, des guerres et des épidémies, notre commune reste stable, voir gagne en population et passe à 1637 habitants. Un léger recul lié au taux de mortalité est à constater avec l’épidémie de choléra de 1854. L’attaque du fléau va emporter 72 habitants (20 hommes, 29 femmes et 23 enfants) dont la majorité résident dans le faubourg Sainte-Quitterie.
C’est dans la troisième phase, entre 1921 et 1975, héritière de l’Ariège « des hommes et du fer », que la population de Tarascon connaît sa plus forte croissance urbaine. De 1926 à 1931, avec l'apport de l'immigration, Tarascon gagne 725 habitants. C’est en effet l’époque de la construction, entre autre, de l’usine Péchiney avec dans les années 1920, une arrivée massive de main d’œuvre étrangère. En 1928, la commune décide d’engager le projet d’agrandissement du cimetière dit de la ville. Cet agrandissement s’impose suite aux inhumations ayant sensiblement augmenté depuis l’ouverture des travaux de construction à Sabart des usines de la Compagnie des produits chimiques d’Alais, Froges et Camargue. Tarascon change d’aspect avec une ville haute qui ne compte plus que 300 habitants, tandis que le bas quartier « moderne » des hauts fourneaux en regroupe 1500.
Si de 1931 à 1936, la population est ramenée de 2559 à 2321 habitants, cette même population municipale va augmenter de 82% entre 1921 et 1954 où elle atteint 3184 habitants. Elle a connu, entre les recensements de 1936 et de 1954 un chiffre plus élevé atteignant 3800 habitants dont 900 immigrés en 1948, alors que des travaux d’équipement hydroélectriques se poursuivaient et que les hauts-fourneaux étaient encore exploités. Le mouvement naturel de la population n’ayant pas été positif et l’agriculture locale n’ayant rendu disponibles que 36 emplois, ce sont plus de 800 emplois qui ont été procurés par l’immigration. Cette immigration a eu pour conséquences de soutenir la fécondité dans une faible mesure, et de retarder le vieillissement de la population.
Alors que sont tombées les cheminées des hauts-fourneaux, dernière situation représente mieux l’expansion démographique due à l’exploitation normale des usines de Sabart et à elle seule. Elle passe de 1746 habitants en 1921 à 4167 en 1975. La croissance économique et démographique vont apporter d’énormes changement à l’aspect de la ville. Après la naissance des quartiers d’habitations pour les ouvriers et cadres de l’usine Péchiney dans les années 1930, d’autres ensembles vont s’élever sur la rive gauche, entraînant groupe scolaire de Sabart, collège, gendarmerie…etc. La croissance est donc forte, mais elle ne va pas durer !
La quatrième phase, celle du déclin démographique, correspond à «l’après électrométallurgie ». Toute l’extension prise par Tarascon, depuis la création des usines de Sabart, n’est donc due qu’à l’électrométallurgie ; sans elle notre commune n’aurait même plus la faible industrie qu’elle possédait en 1921 (1746 habitants).
De 1975 à 1999, Tarascon a perdu 765 habitants. La ville ne compte plus que 3402 habitants (sans Banat). Cette dépression démographique et économique sera un important traumatisme pour la commune, à l’image de la ville haute. Mais aussi, afin de se rassurer, on peut écrire que Tarascon conserve un taux de population important puisqu’elle dépasse encore les 3184 habitants de 1954.
Aujourd’hui, après avoir connue, les années sombres de la perte du dernier bastion industriel, la vieille cité participe au lent réveil de l’Ariège. Tarascon, surtout sa rive gauche, retrouve une certaine attractivité et peut envisager un avenir meilleur. Depuis 2003, et une stabilité encourageante en 2006 (la population se concentre toujours davantage dans la vallée de l'Ariège), la ville redevient accueillante. Elle maintient d’ailleurs quelque vitalité au sein du canton. Tarascon ne s’appauvrit plus et même se repeuple grâce à un solde migratoire positif, depuis 2009 elle compte 3515 habitants.
Si la ville est passé, en un peu plus d’un siècle et demi, d’une économie fondée sur le commerce des produits agricoles et de l’artisanat à une industrie dominante, avant de connaître un formidable développement des services dans le même temps où s’est amorcé le déclin de la population industrielle, au grand tournant du 21ème siècle, l’espoir d’un Tarascon « gai et riant » existe encore.
Démographie ancienne et contemporaine :
1325 Acte qui comporte 92 noms d’habitants de Tarascon
1385 Tarascon comptait approximativement 179 feux, voir 800 habitants
1390 Tarascon comptait approximativement 201 feux, voir 905 habitants
1468 Diminution marquée du nombre d’habitants de Tarascon
1610 L’Evêque de Pamiers confirme 320 personnes de Tarascon
1701 Tarascon comptait approximativement 500 maisons dont 88 qui furent brûlées
1765 1500 habitants (Ussat compris)
1774 1230 habitants (271 hommes, 263 femmes, 324 garçons et 372 filles).
1784 1364 habitants (483 hommes, 525 femmes, 356 enfants).
1788 1364 habitants (322 hommes en état de porter les armes, 161 vieillards, 525 femmes, 356 enfants).
1792 1425 habitants (Ussat compris = 296 hommes mariés ou veufs, 323 femmes mariées ou veuves, 396 garçons de tout âge et 410 filles de tout âge).
1793 1450 habitants
1794 1400 habitants
1796 1425 habitants
1800 1401 habitants (Ussat compris)
1801 1181 habitants
1803 1205 habitants (1392 avec Ussat)
1804 1177 habitants (1416 avec Ussat)
1805 1406 habitants (Ussat compris = 638 hommes et 758 femmes).
1806 1378 habitants
1813 1526 habitants
1817 Disette et vie chère en Ariège
1820 1466 habitants
1826 1550 habitants
1827 1536 habitants
1831 1551 habitants (dont 76 au hameau de Sabart).
1834 Section A : 306 maisons , 3 moulins, 1 filature et 1 foulon ; Section B dite de Sabart : 9 maisons et 1 foulon ; Section C dite de Fournier : 11 maisons, 2 moulins et 1 forge.
1836 1675 habitants
1837 Disette dans les hautes vallées
1841 1560 habitants
1845 Maladie de la pomme de terre
1846 1530 habitants (sommet de la courbe démographique de l’Ariège).
1847 Crise du pain, apparition des loups aux environs de Tarascon
1851 1637 habitants
1854 1637 habitants (l’épidémie de choléra emporte 72 habitants = 20 hommes, 29 femmes et 23 enfants dont 70% au faubourg Ste-Quitterie).
1856 1557 habitants (dont 1389 population agglomérée et 312 maisons).
1857 début d’une ère de crises typiquement industrielles. Ce sont des crises de sur-production.
1860 1557 habitants
1861 1502 habitants (dont 1312 population agglomérée et 322 maisons, dont MazelViel – au Saut = 91 maisons et du Saut – Hors la Porte = 54 maisons).
1866 1513 habitants
1867 Installation du premier haut fourneau
1871 1534 habitants
1872 1534 habitants (dont 1365 population agglomérée et 317 maisons). Du MazelViel – au Saut = 86 maisons et du Saut – Hors la Porte = 53 maisons, soit 655 habitants. Faubourg St-Jacques = 184 habitants et 32 maisons. Faubourg Ste-Quitterie = 514 habitants et 113 maisons.
1876 1557 habitants
1877 1607 habitants – Arrivée du chemin de fer
1881 1611 habitants
1886 1739 habitants
1891 1485 habitants
1896 1432 habitants (360 maisons et 437 ménages).
1901 1445 habitants
1906 1684 habitants
1908 La ville offre une variété de commerces inégalée, soit 84 rubriques professionnelles, dont 14 commerces de luxe.
1911 1606 habitants – Mise en service du tramway Tarascon - Auzat
1912 1611 habitants
1920 Grève pour une augmentation de salaire des 350 ouvriers de l’usine métallurgique
1921 1746 habitants
1924 1733 habitants
1926 1834 habitants
1931 2559 habitants (La ville haute ne compte plus que 300 habitants, tandis que le bas quartier « moderne » des hauts-fourneaux en regroupe 1500).
1932 Fermeture des hauts-fourneaux et de la ligne de tramway entre Tarascon et Auzat
1934 2587 habitants
1936 2321 habitants
1939 2600 habitants (dont approximativement 1700 au faubourg Ste-Quitterie). On rallume les hauts-fourneaux.
1946 3170 habitants
1948 3800 habitants (dont 900 immigrés = 590 Espagnols, 148 Italiens, 52 Russes, 43 Portugais, 20 Allemands, 8 Autrichiens, 6 Yougoslaves, 3 Polonais, 2 Belges, 1 Hollandais et 1 Turc).
1953 Fermeture définitive des hauts-fourneaux
1954 3184 habitants
1962 3680 habitants
1968 3952 habitants
1973 Fusion avec Banat et Cazenave-Serres-et-Allens
1975 4167 habitants (sans Banat, Cazenave-Serres-et-Allens). Septembre, pose de la première pierre du futur C.E.S. 600 (pour six cents élèves) de Tarascon sur l’emplacement de l’ancienne usine métallurgique qui avait arrêté son activité en 1954.
1982 3848 habitants (sans Banat)
1990 3444 habitants (sans Banat)
1999 3402 habitants (sans Banat)
2006 3489 habitants
2007 3493 habitants
2009 3515 habitants (+ 61 population comptée à part = population totale 3576)
2011 3495 habitants
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
Naissances |
36 |
35 |
20 |
32 |
22 |
32 |
33 |
23 |
36 |
23 |
Décès |
45 |
42 |
44 |
55 |
51 |
50 |
53 |
65 |
46 |
47 |
0-14 ans |
15-29 ans |
30-44 ans |
45-59 ans |
60-74 ans |
75 ans ou plus |
478 |
637 |
592 |
696 |
566 |
526 |